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Les aventures de TINTIN (3) Recherches, Influences,Critiques et Adaptations

Conception de la série..... Hergé mène ses premières recherches documentaires approfondies pour l'album Le Lotus bleu, ce qu'il confirme lui-même : « C'est à cette époque que je me suis mis à me documenter, et que j'ai éprouvé un réel intérêt pour les gens et les pays dans lesquels j'envoyais Tintin, accomplissant une sorte de devoir de crédibilité auprès de mes lecteurs ». La documentation d'Hergé et son fond photographique l'ont aidé à construire un univers réaliste pour son héros. Il est allé jusqu'à créer des pays imaginaires et à les doter d'une culture politique qui leur était propre. Ces contrées fictives sont largement inspirées par les pays et les cultures de l'époque d'Hergé. Pierre Skilling affirme qu'Hergé voyait la monarchie comme « une forme légitime de gouvernement », remarquant au passage que « les valeurs démocratiques semblent absentes dans ce type de bande dessinée classique franco-belge »[16] . La Syldavie, en particulier est décrite avec beaucoup de détails, Hergé l'ayant dotée d'une histoire, de coutumes et d'une langue, qui est en fait du dialecte flamand bruxellois. Il situe ce pays quelque part dans les Balkans, et il s'inspire, de son propre aveu, de l'Albanie. Le pays se retrouve agressé par sa voisine, la Bordurie, qui tente de l'annexer dans → Le Sceptre d'Ottokar. Cette situation rappelle évidemment celle de la Tchécoslovaquie ou de l'Autriche face à l'Allemagne nazie juste avant la Seconde Guerre Mondiale. On peut citer à titre d'exemple les mois de préparation nécessaires à Hergé pour imaginer l'expédition lunaire de Tintin, décrite en deux parties dans → Objectif Lune et → On a marché sur la Lune. Ces travaux ont conduit à la réalisation d'une maquette détaillée de la fusée lunaire permettant de placer sans erreur les personnages dans le décor. Les recherches préalables à l'élaboration de son scénario ont été commentées dans le New Scientist : « Les recherches considérables entreprises par Hergé lui ont permis de créer une tenue spatiale très proche de celle qui serait utilisée pour les futurs voyages lunaires, même si sa fusée était bien différente de ce qui a existé par la suite »[17] . Pour cette dernière, Hergé s'est effectivement inspiré des V2 allemands. Influences.... Hergé admirait, dans sa jeunesse, Benjamin Rabier. Il a avoué que de nombreux dessins de Tintin au Pays des Soviets reflétaient cette influence, en particulier ceux représentant des animaux. Le travail de René Vincent, le dessinateur de mode de la période Art déco, a également eu un impact sur les premières aventures de Tintin : « On retrouve son influence au début des Soviets, quand mes dessins partent d'une décorative, une ligne en S, par exemple (et le personnage n'a qu'à se débrouiller pour s'articuler autour de ce S !) »[18] . Hergé reconnaitra sans honte avoir volé l'idée des « gros nez » à l'auteur de bandes dessinées américain George McManus : « Ils étaient si drôles que je les ai utilisés sans scrupules ! »[18] . Au cours des nombreuses recherches qu'il a menées pour Le Lotus Bleu, Hergé a également été influencé par le dessin chinois et japonais, et par les estampes. Cette influence est particulièrement visible dans les paysages marins d'Hergé, qui rappellent les oeuvres de Hokusai et Hiroshige[19] . Hergé a aussi reconnu que Mark Twain l'avait influencé, même si son admiration l'a conduit à se tromper en montrant des Incas ne sachant pas ce qu'était une éclipse solaire, lorsque ce phénomène a lieu dans → Le Temple du Soleil. T.F. Mills a rapproché cette erreur de celle de Mark Twain décrivant des « Incas craignant la fin du monde dans Un Yankee à la cour du Roi Arthur »[20] . Critiques contre la série... Certains ont critiqué les premières aventures de Tintin, considérant que celles-ci contenaient de la violence, de la cruauté animale, des préjugés colonialistes et même racistes, présents entre autres dans la description qui y est faite des non-européens. Néanmoins, beaucoup considèrent ces critiques comme étant totalement anachroniques. Tintin paraissait à l'origine dans le journal Le Petit Vingtième. Même si la Fondation Hergé a mis ces éléments sur le compte de la naïveté de l'auteur, et que certains chercheurs comme Harry Thompson ont prétendu que « Hergé faisait ce que lui disait l'abbé Wallez (le directeur du journal) »[18] , Hergé lui-même sentait bien que, vu ses origines sociales, il ne pouvait échapper aux préjugés : « Pour Tintin au Congo, tout comme pour Tintin au Pays des Soviets, j’étais nourri des préjugés du milieu bourgeois dans lequel je vivais. (…) Si j’avais à les refaire, je les referais tout autrement, c’est sûr. »[21] . Dans → Tintin au pays des Soviets, les Bolchéviques sont dépeints comme des personnages maléfiques. Hergé s'est inspiré du livre de Joseph Douillet, ancien consul de Belgique en Russie, Moscou sans voile, qui était extrêmement critique envers le régime soviétique. Hergé a remis cela dans le contexte en affirmant que pour la Belgique de l'époque, nation pieuse et catholique, « tout ce qui était bolchévique était athée »[18] . Dans l'album, les chefs bolchéviques ne sont motivés que par leurs désirs personnels, et Tintin découvre, enterré, le « trésor caché de Lénine et Trotsky ». Hergé a plus tard attribué les défauts de ce premier album à « une erreur de jeunesse »[18] . Mais aujourd'hui, avec la découverte des archives sur les crimes communistes, une partie importante de sa manière de représenter l'URSS de l'époque est acceptée. En 1999, le journal The Economist écrira que « rétrospectivement, la terre accablée par la faim et la tyrannie dépeinte par Hergé était malgré tout étrangement exacte »[22] . On a reproché à → Tintin au Congo de représenter les Africains comme des être naïfs et primitifs. Dans la première édition de l'album, on voit Tintin devant un tableau noir donnant la leçon à des enfants africains. « Mes cher amis », dit-il, « je vais vous parler aujourd'hui de votre Patrie : la Belgique ». En 1946, Hergé a redessiné l'album, et transformé cette leçon en un cours de mathématiques. Il s'est par la suite expliqué sur les maladresses du scénario original : « Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque : “Les Nègres sont de grands enfants… Heureusement pour eux que nous sommes là ! etc…” Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là, dans le plus pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique. »[23] . L'auteur Sue Buswell a résumé en 1988 dans le journal britannique Mail on Sunday les problèmes posés par cet album en soulignant deux éléments : « Les lèvres molles et les tas d'animaux morts [NDT: en référence à la manière dont sont dessinés les Africains dans l'album, et aux animaux qui y sont tués par Tintin] »[24] . Néanmoins, Thompson pense que cette citation a été mise « hors de son contexte »[25] . L'expression « animaux morts » est une allusion à la chasse au gros gibier, très en vogue à l'époque de la première édition de Tintin au Congo. En transposant une scène de chasse du livre d'André Maurois Les Silences du Colonel Bramble, Hergé présente Tintin comme un chasseur de gros gibier, abattant quinze antilopes, alors qu'une seule serait nécessaire pour le dîner. Ce nombre important d'animaux tués a conduit l'éditeur danois des Aventures de Tintin à demander quelques modifications à Hergé. Ainsi, une planche où Tintin tue un rhinocéros en perçant un trou dans le dos de l'animal et en y insérant un bâton de dynamite a été jugée excessive. Hergé l'a remplacée par une autre planche montrant le rhinocéros accidentellement touché par une balle du fusil de Tintin, alors que ce chasseur d'une autre époque est embusqué derrière un arbre. En 2007, un organisme britannique, la Commission pour l'égalité raciale (Commission for Racial Equality), a demandé que l'album soit retiré des rayonnages de librairies suite à une plainte, en affirmant: « cela dépasse l'entendement qu'à notre époque, un vendeur de livres puisse trouver acceptable de vendre ou faire la promotion de Tintin au Congo »[26] . Le 23 juillet 2007, une plainte a été déposée par un étudiant de RDC à Bruxelles, en Belgique, celui-ci estimant que l'ouvrage constituait une insulte envers son peuple[27] . L'affaire est toujours en cours, mais une institution belge, le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme, a mis en garde contre « une attitude hyper politiquement correcte »[28] dans ce dossier. Plusieurs des premiers albums de Tintin ont été remaniés pour être réédités, le plus souvent à la demande des maisons d'édition. Par exemple, à la demande des éditeurs américains des Aventures, la plupart des personnages noirs de → Tintin en Amérique ont été recoloriés pour devenir blancs ou d'origine indéterminée[29] . Dans → L'Étoile mystérieuse, on trouvait à l'origine un « méchant » américain nommé Monsieur Blumenstein (un patronyme juif), ce qui était tendancieux, d'autant plus que le personnage avait un faciès correspondant exactement aux caricatures de Juifs. Hergé a donné par la suite un nom moins marqué à son personnage - Bohlwinkel - et l'a fait habiter dans un pays sud-américain imaginaire, le São Rico. Hergé a découvert bien plus tard que Bohlwinkel était également un nom juif[18] ................. Adaptations et expositions.... Les Aventures de Tintin ont été adaptées dans de nombreux médias venus s'ajouter à la bande dessinée originale. Hergé était favorable aux adaptations de Tintin, et il encourageait ses équipes à participer à des projets d'animation de la série. Après sa mort, les Studios Hergé sont devenus la seule institution habilitée à donner son accord pour des adaptations de Tintin ou des expositions. Cinéma... Tintin a été adapté au cinéma, à la fois en films et en dessins animés. • → Le Crabe aux pinces d'or (1947) de Claude Misonne, film de marionnettes animées image par image. Le film ne fut projeté qu'une seule fois au cinéma ABC de Bruxelles le 11 janvier 1947, devant un public d'invités. Suite à la faillite du producteur Wilfried Bouchery, le film fut saisi. Il y a quelques années, il a été à nouveau exhumé, et a fait l'objet d'un DVD fin 2007. Adapté de l'album le Crabe aux pinces d'or. • Tintin et le mystère de la Toison d'or (1961) de Jean-Jacques Vierne avec Jean-Pierre Talbot, film live (avec des acteurs réels). → Tintin et → Haddock sont à Istanbul et sont menacés par une organisation turque voulant s'emparer du bateau La Toison d'Or que l'ami du capitaine Haddock, Témistocle Paparanic, lui a légué. Tintin est joué dans le film par Jean-Pierre Talbot. • Tintin et les oranges bleues (1964) de Philippe Condroyer avec Jean-Pierre Talbot, film live. → Tintin et le → Capitaine Haddock sont à la recherche du → professeur Tournesol, victime d'un enlèvement suite à sa découverte sur des oranges bleues. Jean-Pierre Talbot y reprend le rôle de Tintin. • Tintin et le temple du Soleil (1969), film d'animation de Belvision. Le film adapte l'album → le Temple du Soleil sur un scénario de Greg. • Tintin et la SGM (Société Générale des Minerais belge) (1970), court-métrage d'animation publicitaire produit par Belvision (10', voir [8]). • Tintin et le lac aux requins (1972) de Raymond Leblanc, dessin animé de Belvision. Sur un scénario original de Greg, les héros tentent de démasquer une bande de malfrats voulant s'emparer de la dernière invention de Tournesol. Les photos de ces films ont été reprises dans plusieurs albums (et ceci sous forme de strips pour Le Lac aux requins).................... Trilogie Tintin... Steven Spielberg a acheté une option sur les droits de Tintin peu avant la mort d'Hergé en 1983. Cependant, il n'était, à ce moment-là, pas certain que Spielberg soit le réalisateur d'une adaptation de Tintin au cinéma, d'où le refus d'Hergé de signer un quelconque contrat[30] . En novembre 2002, Dreamworks a acheté les droits cinématographiques pour toute la série Tintin. Le 15 mai 2007, Steven Spielberg, Peter Jackson et Stacey Snider ont officialisé la réalisation d'une trilogie adaptée des aventures de Tintin, réalisée en images de synthèse et en captation de mouvements ("motion capture"). Weta Digital a réalisé un essai de 20 minutes pour montrer l'effet rendu par ces deux technologies. Pour Spielberg et Jackson, un film avec des vrais acteurs n'aurait pas rendu justice à la bande dessinée Tintin. Le premier film, réalisé par Spielberg, est prévu pour 2011. Le suivant sera réalisé par Jackson et le troisième serait réalisé conjointement.

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